Ceci n’est pas une pipe… à Opium

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« Dans le port de Saïgon, Est une jonque chinoise, Mystérieuse et sournoise, Qu’on ne connaît pas son/le nom (sic !)

Et le soir dans l’entrepont, Quand la nuit se fait complice, Les Européens se glissent, Cherchant des coussins profonds

Refrain: Opium ! Poison de rêve, Fumée qui monte au ciel, C’est toi qui nous élève, Aux paradis artificiels »

OPIUM. Paroles : Charlys, Guy d’Abzac. Musique : Charlys, 1930 . Version d’origine  chantée par Marcel’s.Reprise comme chant militaire par les troupes françaises d’infanterie de marine.Autres principaux interprètes : Jacques Dutronc et Bambou (1987), Jacques Dutronc (1992).

Pourquoi «ceci n’est pas une pipe … à opium» ?

Yves Domzalski

 

Entre le début du 19e et la moitié du 20e siècle, des millions de personnes ont fumé l’opium de par le monde : en Asie mais aussi au Moyen-Orient, aux Etats-Unis et en Europe. A l’exception de très rares régions dans le monde, l’opium a été jeté aux oubliettes, comme le sera bientôt la cigarette. Il n’en subsiste aujourd’hui qu’un mythe. Seul son pire dérivé synthétique, l’héroïne, a perduré ; ce qui explique en partie les efforts déployés depuis une trentaine d’années pour interdire la culture du pavot.

Pourtant, le commerce et l’utilisation de l’opium occupent une place de première grandeur dans l’histoire sociale et économique des sociétés occidentales et orientales de ces deux derniers siècles. Il n’est pas exagéré de rappeler que les honteuses « Guerres de l’opium » des années 1840-60 marquent les débuts modernes de la « globalisation ».

Il n’est pas exagéré non plus d’affirmer que le commerce de l’opium imposé à la Chine, essentiellement par le Royaume-Uni, et la consommation massive qui en a résulté,  ont profondément affecté la société chinoise tout au long de la seconde moitié du 19e siécle et des premières années du 20e siècle. La fonction originelle de Hong Kong fut de servir d’entrepôt pour l’opium qui venait de l’Inde et était ensuite redirigé vers Canton et les autres ports chinois ouverts progressivement à la suite des « Traités inégaux ».

La pipe à opium et les objets qui l’accompagnent, constituent un symbole fort de ces évènements et de ces pratiques. Même si la mode s’est emparé de ces objets depuis le début des années 2000, les collectionneurs sérieux et les connaisseurs de ces objets ne sont qu’une poignée dans le monde (le chiffre d’une centaine me semble une estimation généreuse…). Les faussaires et « marchands du temple » l’ont compris ; un marché où l’on trouve tout et n’importe quoi et où les prix grimpent régulièrement est désormais en place, chose qui n’existait pratiquement pas dans ce domaine jusqu’aux années 1995-2000.

Il serait dommage que  les générations à venir ne disposent que d’objets trafiqués ou de mauvaises copies pour évoquer les faits historiques brièvement rappelés ci-dessus.

Par ailleurs, avec le temps, la mémoire et les pratiques se perdent. Les objets de l’opium et leur utilisation suscitent doutes et questionnements mais aussi de multiples interprétations plus ou moins farfelues.

Dans la mesure où j’appartiens à la dernière génération – celle née peu de temps après la seconde guerre mondiale – qui a pu recueillir le témoignage des générations ayant vécu au contact de l’opium ; dans la mesure aussi où je collectionne les objets de l’opium afin de les préserver, il était naturel que je consigne les connaissances que j’ai eu la chance de pouvoir rassembler depuis vingt-cinq ans environ.

Comme je l’écris en introduction du texte qui suit, ces connaissances sont loin d’être « paroles d’Evangile » ; elles contiennent par ailleurs une part de subjectivité. A chacun d’y trouver son bonheur.

Bangkok, mars 2016

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