JOEL MEYEROWITZ TAKING MY TIME – PART II
Paris, Polka Galerie
Cette exposition plonge dans la mémoire d’un artiste spectateur qui a traversé l’histoire récente de la photographie.
A la fin des années 1960, l’auteur de Bystanders (1994) interroge les secrets de la couleur, en explorant sa finesse, ses tonalités, ses contrastes et ses saturations veloutées. Le bouleversement sémantique que présuppose l’abandon du noir et blanc conduit Meyerowitz vers le contexte de ses images. Le grand format joue ici un rôle prépondérant.
Avec sa lumière, ses paysages vides, plats, silencieux voire figés, la presqu’île balnéaire du Massachusetts est à l’exact opposé de l’énergie new-yorkaise qu’il photographie à ses débuts. Mécaniquement et symboliquement, la vision change. Le dispositif et les règles aussi.
L’expérience de la chambre photographique permet à Joel Meyerowitz de résoudre un paradoxe esthétique et artistique auquel il s’est confronté dès ses débuts, au moment où la photographie couleur gagnait son statut d’œuvre d’art. Là où Fred Herzog ou Stephen Shore, pour s’en libérer, neutralisent les nuances, Meyerowitz fait le contraire, assumant la richesse et la puissance des pigments. La couleur n’est plus seulement un procédé, elle devient un langage. Et la photographie un métabolisme, un théâtre, un lieu de contemplation qui se joue des hors-champs et des harmonies chromatiques. « L’action n’est plus au cœur, elle devient presque accessoire. Mon image a d’autres ambitions. »